18 janvier 2009

Baisse du taux du livret A : les Français une nouvelle fois trompés… mais par qui ?


Avant hier, le gouvernement a annoncé la baisse du taux de rémunération du livret A, qui passe de 4 à 2,5%. Une mesure accueillie, semble-t-il, si ce n’est avec indignation, du moins avec perplexité (une nouvelle baisse est annoncée bientôt). L’information a fait la une, hier, du journal de 13h. Il faut dire qu’on touche là au placement préféré des Français : 4% sûrs car garantis par l’Etat, de quoi conforter nos concitoyens frileux dans l’idée qu’on peut gagner de l’argent sans avoir besoin de prendre de risque. C’est donc l’incompréhension : on accorde des prêts toujours plus avantageux aux banques et on sabote dans le même temps l’épargne la plus populaire. Quel méchant gouvernement, heureusement que les médias sont là pour redonner la parole aux Français.

 

            Pourtant, ce sont ces derniers qui apportent eux-mêmes la réponse aux questions. Cette dame, interrogée, disait : « avec un taux pareil, les gens ne vont plus épargner, ça ne vaut plus le coup ! Ils vont dépenser tout de suite ». Nul besoin d’aller plus loin, c’est tout le but de la manœuvre. Cependant, aucun média ne nous a expliqué le pourquoi du comment, alors qu’un simple rappel de quelques règles fondamentales d’économie auraient suffi à montrer qu’une telle réforme n’a rien d’idéologique, mais est au contraire d’une logique imparable. Petit cours d’économie…

 

-       Le taux d’intérêt, c’est le coût de l’argent. Or l’argent répond lui-même à la loi de l’offre et de la demande : la demande est fonction inverse du prix, contrairement à l’offre. En d’autres termes, quand le taux d’intérêt augmente, le prix de l’argent étant cher, les gens emprunte moins et placent plus (= demande de monnaie faible). A l’inverse, quand il est faible, les gens placent moins et empruntent plus (= demande de monnaie forte). Or à l’heure où la demande générale se contracte et où les banques ont tendance à resserrer le crédit, et donc freiner la consommation des ménages, la tendance peut être à la déflation, c’est à dire à la baisse de la demande entraînant la baisse des prix, ce qui mène à des pertes pour les entreprises, donc à du chômage, et donc à une nouvelle baisse de la demande. C’est la spirale déflationniste, et ce n’est JAMAIS souhaitable. Les gouvernement font donc tout ce qui est en leur pouvoir pour encourager le crédit et l’injection de liquidité dans l’économie. Pour cela, la baisse des taux de rémunération de l’épargne est nécessaire afin d’encourager les gens à la consommation et ainsi soutenir la demande.

-       De plus, la baisse du taux directeur de la BCE entraîne mécaniquement celle des taux de l’épargne. La plus-value des banques qui font du crédit est réalisée par la différence entre le taux de prêt et le taux de l’épargne. En d’autres termes, une banque, pour gagner de l’argent, prête toujours à un taux plus élevé au taux auquel elle rémunère les dépôts. Or, conséquemment à la baisse des taux du crédit, il est logique de baisser les taux de rémunération de l’épargne. Sinon, ce serait comme si on forçait une entreprise à vendre un produit à 5€ alors qu’il lui coûte 6€.

 

            Ainsi, madame a raison. Le gouvernement vous encourage délibérément à ne pas épargner, afin que vous consommiez plus. Seulement, personne n’est là pour vous expliquer pourquoi. Personne ? Pas la télé en tout cas…